Le sujet de la maltraitance en Ehpad a connu un vif écho ces dernières années, notamment après que le groupe Orpea ait été épinglé pour ses pratiques douteuses. Trois ans après le scandale qui a éclaté, le groupe a changé de nom pour devenir Emeis et promet de nouveaux départs à travers des publicités engageantes qui proclament des Ehpad transformés. Cependant, dans l’ombre, des témoignages de familles et d’anciens salariés indiquent que ces promesses pourraient être loin de la réalité. Entre signalements de maltraitance et une manipulation des signalements Ehpad, l’enquête met en lumière la gestion trouble des incidents au sein des établissements.
Le cas de Véronique Ovadia illustre tragiquement la situation. Après avoir placé son père dans un établissement Emeis à Cagnes-sur-Mer, elle a prématurément retiré son père face à des conditions préoccupantes. Les mêmes dénonciations sont faites par des salariés ayant décidé de briser le silence et de partager des documents internes corroborant des actes de maltraitance. L’absence de transparence dans le traitement des signalements envers les autorités sanitaires soulève de nombreuses interrogations sur la protection des résidents en Ehpad.
Les dysfonctionnements au sein des établissements Emeis
Après le changement de nom d’Orpea à Emeis, les promesses de transformation ont été accueillies avec scepticisme par de nombreuses familles. Les retours d’expériences comme celui de Véronique Ovadia sont de plus en plus fréquents, révélant des dysfonctionnements graves dans les établissements. Des témoignages de familles signalent des cas d’oubli de résidents lors des repas, de manque d’hydratation, et même d’administration irrégulière des médicaments.
Témoignages de maltraitance
Les témoignages rapportés par d’anciens employés montrent une réalité difficile à accepter. Un collectif a transmis de nombreux documents internes où des incidents tragiques ont été rapportés, tels que deux décès suspects et des signaux de maltraitance. Selon un médecin ayant quitté ses fonctions, certaines pratiques, telles que le gavage de force, ont été observées. Cette voix, bien qu’individuelle, révèle le malaise et la désillusion d’un personnel qui aurait aimé protéger les résidents.
Manipulation des signalements
Des constats alarmants émergent également autour de la transparence des signalements. Un document internal, désigné comme « fiche d’événement indésirable grave », a été modifié de manière significative avant d’être soumis aux autorités sanitaires. Initialement, ce texte faisait état de plusieurs dysfonctionnements, mais a été réduit à une version édulcorée qui aurait été jugée moins compromettante.
Réactions des autorités sanitaires face à la situation
Les autorités sanitaires sont censées jouer un rôle clé dans la surveillance des établissements de soins, notamment des Ehpad. Dans le cas d’Emeis, l’Agence régionale de santé (ARS) a reconnu avoir reçu des signalements concernant des problèmes liés au personnel mais sans parvenir à établir des faits de maltraitance. L’ARS a mis en avant qu’une version modifiée des signalements est reçue et que cela complique leur travail de contrôle et d’évaluation.
Question de la responsabilité
Les responsabilités des directeurs d’établissements et des équipes de direction se trouvent mises à mal. Selon une directrice qui a choisi d’être anonyme, toutes les déclarations d’événements sont systématiquement relues et modifiées par les instances supérieures. Cela crée un climat de méfiance et de crainte chez les employés, qui peuvent craindre pour leur emploi ou leur réputation si ils évoquent des faits pouvant être considérés comme compromettants.
Appels à une réforme urgente
La situation actuelle appelle à une réforme des pratiques au sein des Ehpad. Le Sénat sur la maltraitance en Ehpad a déjà exprimé des inquiétudes concernant le traitement des signalements. La protection des résidents dans ces établissements doit devenir une priorité, avec des vérités et des faits sans manipulation. Un appel est lancé pour une enquête plus approfondie et des moyens adaptés pour garantir la sécurité et le respect des personnes âgées.
Risque de fermeture des établissements
La tourmente actuelle dans le secteur des Ehpad va bien au-delà de la simple gestion de la maltraitance. Les débats autour de la fermeture potentielle de certains établissements comme celui de Coulanges-sur-Yonne, face à des risques de fermeture, sont alarmants. Les familles craignent non seulement pour leurs proches, mais également pour l’accès aux soins qui pourrait être considérablement réduit.
Conséquences sur les familles
Les répercussions de ces situations sont énormes pour les familles des résidents. Après le retrait d’un proche suite à des expériences troublantes, les familles éprouvent un mélange de culpabilité et de crainte pour le bien-être de leurs proches. Le témoignage poignant d’une épouse sur son mari décédé en Ehpad témoigne de cette immense douleur et de l’interrogation sur les soins qui lui ont été apportés. Cette expérience met en lumière l’urgence d’un changement systématique dans le secteur.
Le besoin d’une réglementation plus stricte
Idéalement, une réglementation plus stricte doit être mise en œuvre pour assurer la protection des résidents en Ehpad. Cela comprendrait des audits réguliers et des vérifications inopinées des établissements, ainsi qu’une formation rigoureuse pour le personnel soignant. Les familles devraient également bénéficier d’un accompagnement dans le processus de signalement d’abus.
Actions et mobilisations des familles
Face à cette situation difficile, de nombreuses familles se mobilisent pour dénoncer des actes de maltraitance en Ehpad et chercher la vérité. Leur voix est impérative pour changer les pratiques actuelles et garantir que les résidents sont traités avec dignité et respect. Des mouvements se forment pour revendiquer une plus grande transparence dans les pratiques des Ehpad.
Le rôle des médias
Les médias jouent également un rôle essentiel dans la mise en lumière des problèmes rencontrés dans ces établissements. Les reportages d’enquête sont cruciaux pour faire entendre les voix des familles et des témoins de la maltraitance en Ehpad. « L’Œil du 20 heures » a récemment diffusé une enquête dénonçant ces pratiques, offrant une plateforme aux concernés pour s’exprimer et obtenir du soutien.
Perspectives d’avenir
Les actions des familles, jumelées à une pression médiatique croissante, pourraient bien conduire à un lent mais nécessaire changement dans le secteur. La mobilisation pour une meilleure surveillance des soins aux aînés est fondamentale, car ils méritent une fin de vie digne et sereine. La recherche de solutions pour contrer ce phénomène de maltraitance en Ehpad nécessite l’implication de tous les acteurs concernés, des familles aux organismes de santé, en passant par les autorités locales et gouvernementales.
Il est impératif que les histoires de souffrance deviennent des catalyseurs de changement. Les voix des témoins de maltraitance, ainsi que des familles (exprimées par des témoignages poignants et des luttes menées) sont essentielles pour créer une prise de conscience sur la nécessité d’améliorer les conditions de vie dans les Ehpad.